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La Confrérie des Charitables à Béthune (62). Un saint, un chéri et des navets

Ernest le pigeon nous emmène à Béthune. Peut-être y croiserez-vous des hommes mystérieux en bicorne et queue de pie. Pas de panique. Écoutez plutôt les traditions séculaires de l’une des plus anciennes confréries françaises avec ce billet d’Ernest, notre pigeon voyageur…

© Béthune Bruay Tourisme
© Béthune Bruay Tourisme
Par
Albane de Maigret - itinair'bis
Le
20
November
2024
En partenariat avec
Pas-de-Calais Tourisme
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La Confrérie des Charitables : Un Saint, un Chéri, et des Navets


Mystérieux Hommes en Queue de Pie


Si vous vous promenez dans les rues de Béthune, peut-être croiserez-vous des personnages étranges, vêtus d’une queue de pie ornée de médailles, coiffés d’un bicorne, et parés de gants blancs. Ne vous inquiétez pas, leur présence est synonyme de bon augure. En effet, tant que vous les voyez, cela signifie que vous êtes encore de ce monde.
Ces mystérieux personnages appartiennent à l’une des plus anciennes confréries françaises : La Confrérie des Charitables de Saint Eloi. Son histoire remonte à 1188, sous le règne de Philippe Auguste, en pleine épidémie de peste noire. Les cadavres jonchaient alors les rues de Béthune, et les habitants ne savaient plus à quel saint se vouer.

Une Mission Divine au Service des Vivants et des Morts


Le 21 septembre 1188, deux maréchaux-ferrants, Germon de Beuvry et Gauthier de Béthune, affirmèrent avoir reçu en songe un message de Saint Éloi. Leur mission : fonder une confrérie pour secourir les malades, nourrir les pauvres, et enterrer les morts. Grâce à l’aide des autorités locales et des habitants, la Confrérie des Charitables s’implanta durablement dans la ville, survivant même à l’interdiction pendant la Révolution française.
Devenue laïque en 1853, cette confrérie s'est maintenue avec une tradition immuable : offrir le même respect à chaque défunt, quelle que soit sa confession ou sa condition sociale.

Les Rituels des Charitables


Lors des cérémonies funéraires, un groupe de onze Charitables accompagne le défunt, exécutant les ordres du « Chéri », un maître de cérémonie assisté par un Prévôt. La procession solennelle mène le cercueil à l'église ou au crématorium, avant d'accompagner le défunt à sa dernière demeure.
Après chaque service, la confrérie se réunit pour pratiquer un rituel appelé le « Rond ». Le Chéri y évalue les fautes légères des membres et propose des amendes symboliques. Ces sanctions financent un repas traditionnel, le « Jambon du Chéri », renforçant la fraternité entre Confrères et Consœurs.

Le Légendaire Navet Protecteur


Chaque année, les Charitables se rassemblent pour la « Procession à Naviaux », un événement lié à la légende du navet, supposé éloigner les maladies. Les confrères portent des baguettes ornées de buis, de thym et de fleurs, perpétuant ainsi cette ancienne tradition.
En juin, les Charitables collectent les « petits plombs » dans les rues de la ville, un appel aux dons destiné à soutenir leur œuvre caritative. Cette tradition, couplée à la distribution de pains, témoigne de la générosité toujours présente dans cette confrérie millénaire.

Un Héritage Vivant


Au XXIe siècle, la Confrérie des Charitables continue de veiller sur les habitants de Béthune, avec des rites ancestraux qui relient les générations passées et présentes. Sous la protection de Saint Éloi, ils perpétuent un modèle unique de solidarité et de bienveillance dans une société en perpétuelle évolution.

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La Confrérie des Charitables à Béthune (62). Un saint, un chéri et des navets